Le récit d’un chien pris au collet

C’est dimanche matin, 10 décembre 2017, sous une petite neige que l’histoire prend forme.

Comme à tous les jours, une marche pour les toutous s’impose. Je demande à mon conjoint de venir avec nous, les 4 filles (chiennes) et moi. J’insiste pour qu’il nous accompagne. J’ai envie d’aller un peu plus loin dans un chemin dans le bois appartenant à la municipalité. Une belle et longue randonnée pour nous aérer et être ensemble. Ce qui s’en suivit ne fut pas tout à fait ce que j’avais prévu.

Tout était normal jusqu’à ce que nous décidions d’aller explorer le long d’un champ à savoir si nous serions capables d’entretenir un sentier de plus cet hiver. Tous les chiens suivent à l’exception de ma plus vielle Axel. Pourtant c’est mon chien de poche, elle s’éloigne très rarement. Nous ne la voyons plus et j’en déduis qu’elle s’est arrêtée pour faire ses besoins. Je l’appelle une fois, deux … que se passe-t-il? Elle doit avoir pris le chemin que nous empruntons normalement et nous cherche. Je remonte à la course et la vois tout bonnement sur la limite du boisée qui me regarde. Je vois ses quatre pattes et n’est pas blessée … elle ne bouge pas. Son manteau !! (Puisque c’est une boxer frileuse, dès que l’automne se pointe le bout du nez, nous l’habillons pour la garder au chaud). Son manteau est pris! Je m’approche, touche à ses pattes, essaie de voir où elle pourrait être coincée?

NON!! Je n’y crois pas. Je passe mes mains le long de son cou! HORREUR … je sens un collet bien serré! Un collet pour trapper du coyote, lièvre ou autres animaux sauvages. Mon cœur s’arrête … ma chienne est prise et elle s’étrangle. Elle ne se débat aucunement et attend que j’agisse. La seule chose à ce moment que j’ai pu faire c’est crier en panique à mon conjoint :  « Axel est prise dans un collet !! C’est un collet !!! Elle est prise ». Je panique, mon cœur veut exploser et je délègue en me disant qu’il saura quoi faire pour la sortir de là… Il réfléchit, me regarde lui aussi démoli et inquiet. Il veut courir à la maison qui est à environ 1.5km … Je cours plus vite que lui donc je prends la décision que c’est moi qui y va. Je cours, je cours, je cours. Le froid, la neige, mes jambes et mes poumons me font mal. Sa vie dépend de moi et je ne cours pas assez vite! Je pleure par en dedans, je crie dans ma tête à mes jambes : plus vite, plus vite. Je m’arrête pour enlever mes bottes par-dessus, mes pieds moins lourds, je vais avoir moins de difficulté.

 

Dans ma course je réfléchis à ce que je dois faire! Aller chez le voisin, s’il est là, va-t-il avoir un outil pour nous aider? S’il n’est pas à la maison? Je perdrais beaucoup trop de temps! J’ai une côte à monter pour me rendre à la maison (nous vivons dans des petites montagnes) mon corps ne tiendra pas le coup ! Je pleure encore par en dedans. Mon plan est clair …. Je cours, je fais entrer les autres chiens, je vais au garage chercher les pinces et je reviens en auto.  C’est beaucoup trop long, je panique à l’idée qu’Axel ne tienne pas le coup.

 

Vous savez, c’était la première fois qu’une vie pouvait dépendre de moi. L’adrénaline, la peur de perdre mon vieux chien. Je les aime plus que tout. Elle ne peut pas nous quitter de cette façon.

Durant ma course à l’infini, je vois une ombre sur le côté. Je cours, je cours, je cours. Je lève les yeux plus haut et je compte trois chiens devant moi. Un, deux, trois… qu’est-ce qui me suit si elles sont toutes en avant de moi ??  Je ne vous ferai pas languir plus longtemps, Axel se trouve à mes côtés. De son regard elle me dit : où cours-tu maman si inquiète? Pendant ces interminables secondes je ne réalisais pas qu’elle était libérée.

Enfin je pouvais arrêter ma course. Je me suis lancée de tout mon long sur le sol, et j’ai pleuré de joie, de peur.

Pendant que je courrais contre la montre, mon conjoint prenait soin d’Axel. Il pensait à elle et à moi. Il était impensable pour lui que ce fameux collet ne s’ouvre pas. Il a réfléchi. Les trappeurs ne coupent pas leur piège à chaque fois, ils n’enlèvent pas la tête des animaux. Il y a définitivement une façon de la libérer. Axel s’est laissé faire et il a réussi à relâcher la tension  et enlever le collet! Elle était maintenant saine et sauve. Il me crie après, mais je n’entends rien. Je cours. Je cours pour mon chien, pour sa vie. Et elle est là à mes côtés.

Ça n’arrive pas juste aux autres.En ce beau dimanche matin ça nous est arrivée!

J’ai eu peur, très très peur. Peur de perdre mon chien dans la souffrance, peur de ne pas être à la hauteur pour la sauver! 

La morale de cette histoire, si vous vous promenez dans les bois ou près d’un bois, ayez les outils nécessaires en cas de pépins. Soyez à l’affût d’où se trouve votre chien en tout temps. Ayez les connaissances pour libérer le plus rapidement possible l’animal prisonnier de ces pièges. Il y a des trappeurs partout et ne sont pas tous légaux.

Voici un vidéo qui pourra vous instruire : Releasing your Dog from a Trap. Il nous aurait été vraiment utile de l’avoir regardé avant que cet événement se produise. La panique aurait été moins grande et nous aurions agit encore plus rapidement. Vous pouvez avancer la vidéo à la 47ième seconde là où c’est intéressant. Même si vous ne parlez pas anglais les images parlent d’elles-mêmes.

Soyez prêts à intervenir, la vie de votre compagnon peut en dépendre.

PS :  Axel est en pleine forme! Merci mille fois à mon conjoint, à mes yeux il l’a sauvé, sans lui elle ne serait plus parmi nous. Merci à l’urgence de la faculté de médecine vétérinaire de St-Hyacinthe pour m’avoir rassuré par téléphone et merci à Dre Chantal Dupont de la Clinique Vétérinaire Gauvin pour le suivi après l’incident. Mon chien est en vie et en pleine forme merci la vie!